Une chambre à soi

Écrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours.

Virginia Woolf, Une Chambre à soi

À l'apport des femmes en arts

Passionnée par les peintres et les écrivaines, fatiguée de les voir reléguées à l'ombre d'un timide coup de plume ou de pinceau, je voulais ici leur donner la lumière qu'elles méritent.

psyche, berthe morisot (peinture)
Femme à sa toilette, Berthe Morisot

Artistes en vedette

abstract purple painting
Hilda af Klint - Largest n°6, adulthood

Hilma Af Klint

"The pictures were painted directly through me, without preliminary drawings and with great power. I had no idea what the pictures would depict and still I worked quickly and surely without changing a single brush-stroke."

Yayoi Kusama dans son atelier de Tokyo.

Yayoi Kusama

"I fight pain, anxiety, and fear every day, and the only method I have found that relieves my illness is to keep creating art. I followed the thread of art and somehow discovered a path that would allow me to live."

« Je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un homme traitant une femme d’égale à égal, et c’est tout ce que j’aurais demandé, car je sais que je les vaux. »

Berthe Morisot, Carnets

Rivage avec une mer bleue

Eleanor Harris (Américaine, 1901-1942)

Un blog strictement amateur (malgré un bagage solide en lettres modernes, études culturelles et arts plastiques) pour parler de femmes ? Il faut être insensée pour investir là dedans ! Et pourtant. Je dois mettre lumière mes muses, afin que plus jamais, jamais, quand je parle d'une autrice à la fin d'un cours de littérature, on me dise "si le professeur n'en a pas parlé, c'est qu'elle n'était pas si importante que ça".

Un paysage vert et marron avec un océan bleu brillant et un ciel plutôt nuageux, réalisé à la peinture à l’huile.

Dernières entrées

  • Hilma af Klint, de la vision à l’abstraction

    Hilma af Klint, de la vision à l’abstraction

    Hilma af Klint, pein­tre sué­doise, est peu con­nue du grand pub­lic. Pour­tant, elle met en scène dans ses tableaux des séries de courbes allant jusqu’au mys­tique, ce pourquoi le mag­a­zine Les Beaux Arts l’ap­pelle “la prophétesse de l’ab­strac­tion”. Jusqu’en octo­bre, cette artiste est en vedette sur Une Cham­bre à soi, pour une rétro­spec­tive de cette artiste mécon­nue mal­gré un univers très riche.

    Hilma af Klint… Mécon­nue, mais per­cusseuse en son genre, puisqu’elle vien­dra pein­dre des formes géométriques et abstraites bien avant Kandin­sky ou Piet Mon­dri­an1. Née le 26 octo­bre en Suède, elle y suit une for­ma­tion à l’a­cadémie royale des Beaux-Arts entre 1882 et 1889. La Suède, tout comme la Norvège ou l’Is­lande, est un des rares pays à ouvrir ses académies d’arts aux femmes, d’où la pré­va­lence d’artistes féminines clés en prove­nance de ces pays, pour­tant par­fois mécon­nues du pub­lic français.

    A ses vingt ans et pen­dant son séjour à l’a­cadémie d’art, elle réalise avec bio, mais sans se dis­tinguer des tra­di­tions de son époque. C’est qu’elle est en train d’établir sa répu­ta­tion d’artiste : elle ne s’au­toris­era que plus bien plus tard, à 40 ans sa recherche spir­ituelle, dans laque­lle son art joue un rôle clé. Elle com­mence alors, à 44 ans, une série de paysages sym­bol­iques “en se lais­sant guider”, dans une ratio­nal­i­sa­tion et matéri­al­i­sa­tion de sa recherche des clés de l’u­nivers2.

    (suite…)


  • Maria Wiik, l’impressionniste oubliée venue d’Islande

    Maria Wiik, l’impressionniste oubliée venue d’Islande

    Maria Wiik.… Ça ne vous dit rien ?

    C’est nor­mal : pour trou­ver des résul­tats qui ne relèvent ni de Wikipedia, ni de plate­formes de ventes aux enchères où d’im­ages, il faut aller sur Google Schol­ar. N’au­rais-je pas acheté Les Pio­nnières, Femmes et impres­sion­nistes de Lau­rent Manoeu­vre1, dont l’oeu­vre Femme Ramant (~1892) prône fière­ment en cou­ver­ture, aurais-je décou­vert Maria Wiik ? J’en doute. Non seule­ment c’est une femme, mais en plus, elle vient d’un pays Nordique, dont la France et ses auteurs ont l’air d’ig­nor­er l’ex­is­tence. Heureuse­ment, des traces de son pas­sage sur la scène impres­sion­niste (suite…)


  • Georges Vigarello : Histoire de la beauté, discussion entre l’habillement féminin et la construction de l’identité de genre

    Georges Vigarello : Histoire de la beauté, discussion entre l’habillement féminin et la construction de l’identité de genre

    Cor­pus : 

    • Vigarel­lo, Georges, His­toire de la beauté, l’art d’embellir les corps de la Renais­sance à nos jours (2004), Édi­tions du Seuil, Points His­toire, Paris, 352p.
    • Froide­vaux-Met­terie, Camille, « La beauté fémi­nine, un pro­jet de coïn­ci­dence à soi », Le Philosophoire (2012), vol.2, no.38, pp.119–130
    • Braizaz, Mar­i­on, « Fem­i­n­i­ty and Fash­ion : How Women Expe­ri­ence Gen­der Roles Through their Dress­ing Prac­tices, (2019), Cader­nos de Arte e Antropolo­gia, vol.8, no.1, pp.59–76

    Devoir réalisé pour le master 1 études culturelles en 2019

    Introduction

    Les ouvrages choi­sis sont His­toire de la beauté (2004) de Georges Via­grel­lo, l’article « La beauté fémi­nine : un pro­jet de coïn­ci­dence à soi » (2018) de Camille Froide­vaux-Met­terie et « Fem­i­n­i­ty and Fash­ion : How Women Expéri­ence Gen­der Role Through their Dress­ing Prac­tices » (2018) de Mar­i­on Braizaz. Tous trait­ent des pra­tiques d’habillement et d’embellissement du corps, avec un regard par­ti­c­uli­er posé sur les femmes. En effet, bien que l’His­toire de la beauté pro­posée par Vigarel­lo se veuille mixte, force est de con­stater que les femmes sont au cœur de son ouvrage, comme elles sont au cœur de ces pra­tiques. Il écrit lui-même à ce sujet « l’histoire de la beauté ne saurait échap­per à celle du genre et des iden­tités » (p.XIV). Ain­si, il appa­raît que les femmes con­stru­isent leur iden­tité de genre grâce aux pra­tiques de beauté. Il est dès lors pos­si­ble de se deman­der ce que cela dit des rela­tions entre les deux sex­es, et du rôle de l’histoire cul­turelle dans l’étude de ces représen­ta­tions. Après une syn­thèse des trois élé­ments du cor­pus, il sera vu en quoi normer le corps des femmes représente les enjeux de dom­i­na­tion aux­quelles elles sont sujettes, puis com­ment elles se le réap­pro­prient ou non pour exprimer leur moi intérieur.

    Première partie : incarnations de la féminité et de la masculinité comme un positionnement social

    D’abord, le livre de Vigarel­lo, His­toire de la beauté, retrace l’histoire des pra­tiques liées à la beauté et au corps de la Renais­sance jusqu’à nos jours. Il mon­tre l’importance des représen­ta­tions col­lec­tives – les stan­dards de beauté étant liés à une époque et une société – mais aus­si celle des con­sid­éra­tions men­tales et matérielles dans l’élaboration du Beau. Cela le con­duit rapi­de­ment à dire que le sexe féminin est celui de la beauté : « La beauté val­orise le genre féminin au point d’en paraître comme l’achèvement » (p.27), ce qui intro­duit la dimen­sion gen­rée dans la con­sid­éra­tion

    de celle-ci. Cette dimen­sion per­met de faire le lien avec l’article « La beauté fémi­nine : un pro­jet de coïn­ci­dence à soi » où Froide­vaux-Met­terie conçoit la beauté fémi­nine comme « pro­jet ». Selon elle, l’existence de la femme est néces­saire­ment incar­née, d’avantage même que celle de l’homme. Ain­si, lorsqu’elle entre­prend de « s’orner », c’est pour cor­re­spon­dre à qui elle est intérieure­ment. Cette idée est reprise par l’autrice de « Fem­i­n­i­ty and Fash­ion : How Women Expéri­ence Gen­der Role Through their Dress­ing Prac­tices » : elle fait le point sur une série d’enquêtes menée auprès de français­es sur leurs habi­tudes ves­ti­men­taires et leur rap­port à la féminité. Elle en dégage qua­tre posi­tion­nements pos­si­bles : un rap­port réus­si, ironique, par défaut ou flot­tant. Ain­si, les pra­tiques ves­ti­men­taires du « beau sexe » représen­tent non-seule­ment les con­cep­tions d’une société à un moment don­né, mais vien­nent traduire le rap­port de la femme à soi et aux autres, ce qui en fait un out­il d’analyse utile des ques­tions de dom­i­na­tion gen­rée.  (suite…)


  • Les autoportraits surréalistes d’Izumi Miyazaki : un parti pris créatif qui nous confrontent à la société actuelle

    Les autoportraits surréalistes d’Izumi Miyazaki : un parti pris créatif qui nous confrontent à la société actuelle

    Izumi Miyazaki Izumi Miyazaki

    Bon­jour à tous !

    Je voudrais prof­iter de ce dernier mois de vacances pour lancer sur ce blog un pro­jet qui me tient à coeur : par­ler de mes artistes féminines préférées au tra­vers une série d’ar­ti­cles. Je ne sais pas si j’ar­riverai à leur faire hon­neur, ni à tenir mes réso­lu­tions, et encore moins à trou­ver un pub­lic par ici. Afin de com­mencer en douceur, j’aimerais réécrire un arti­cle que j’avais fait pour une de mes anci­ennes ten­ta­tives de me remet­tre au blog­ging sur la plate­forme word­press et qui ne m’a jamais réelle­ment sat­is­faite. J’y par­lais de com­ment, au détour d’un arrêt de bus, j’avais fait tout à fait par hasard la décou­verte du tra­vail d’Izu­mi Miyaza­ki. Nous sommes alors en 2017, et le cen­tre d’arts dra­ma­tiques Humain trop humain de Mont­pel­li­er (depuis renom­mé le Théâtre des 13 vents) a choisi le tra­vail de la jeune japon­aise pour pro­mou­voir son pro­gramme pour la sai­son 2017–2018.

    Mais que sait-on d’Izu­mi Miyaza­ki ? Et bien… Pas grand chose. Il s’ag­it d’une jeune artiste japon­aise qui se spé­cialise dans la pho­togra­phie, et plus par­ti­c­ulière­ment l’au­to­por­trait. Et quels auto­por­traits ! Elle se met en scène de manière tout à fait sur­prenante : le résul­tat est sur­réal­iste, mais aus­si résol­u­ment mod­erne. Atten­tion cepen­dant : son univers décalé n’est pas tou­jours sans rap­port à la réal­ité. Par ses représen­ta­tions d’elle-même, elle nous donne à voir une vision de la société dans laque­lle nous vivons, et dans laque­lle elle s’in­sère en tant que femme japon­aise.

    Izumi Miyazaki Izu­mi Miyaza­ki a décou­vert l’art de la pho­to très jeune, en emprun­tant l’ap­pareil pho­to de son père. On peut dire que la ren­con­tre a été fructueuse : a même pas vingt-cinq ans, son tra­vail ne s’est pas fait remar­quer qu’au sein de son école d’art, mais à l’in­ter­na­tion­al. On retrou­ve des arti­cles chez elle dans des jour­naux tous publics comme CNN, Libéra­tion ou le Times mag­a­zine. Elle a aus­si exposé dans des villes comme Paris, Kyoto, ou encore au Lux­em­bourg. L’artiste pos­sède aus­si un Tum­blr, très régulière­ment mis à jour, où est disponible la plu­part, si ce n’est l’in­té­gral­ité de son tra­vail. Ses pho­tos ont un côté ludique : j’ai l’im­pres­sion qu’elle joue à un jeu auquel elle invite le spec­ta­teur à pren­dre part. Pour repren­dre ses mots : “J’avais l’impression de jouer. Surtout, je me suis ren­du compte que je pou­vais enfin faire les images que j’avais envie de voir”.  Cela explique ce regard pointé vers celui qui la regarde dans de nom­breuses œuvres : il s’ag­it d’un jeu entre elle et le spec­ta­teur. Tan­tôt défi­ant, tan­tôt inex­pres­sif, par­fois détourné : il fait par­tie à part entière de la com­po­si­tion, il s’ag­it presque d’une porte d’en­trée. Par­fois, il nous fait nous sen­tir un peu voyeur — ce sur quoi la pub­li­ca­tion de ses pho­tos sur Tum­blr pour­rait presque jouer, puisqu’il s’ag­it d’un réseau social, asso­cié par cer­tains au voyeurisme.

    J’ai choisi de débuter cette série en par­lant de cette artiste car j’aime beau­coup son tra­vail et les façons qu’elle a de se met­tre en scène. Si vous par­courez son Tum­blr, vous pour­rez voir que cer­taines com­po­si­tions sont oniriques, d’autres car­ré­ment dérangeantes — il y a aus­si celles qui font plus références aux normes sociales sur le corps (féminin ?) et sa représen­ta­tion. il y J’aime cette var­iété, et aus­si la douceur de son tra­vail. C’est ce qui, je pense, m’a touché chez elle, et j’e­spère que cela touchera cer­tain d’en­tre vous aus­si ! Si vous voulez voir plus de pho­tos de son tra­vail, je vous invite à regarder son tum­blr ou à cli­quer sur “lire la suite”

    Ce qui est incroy­able dans le tra­vail d’Iyu­mi Miyaza­ki, c’est qu’elle arrive à faire un tra­vail rel­e­vant du self­ie, en y ajoutant une touche biographique et un mes­sage socié­tal sur la société d’au­jour­d’hui du paraître. Que penser d’elle nous regar­dant de manière presque provo­cante, isolante, util­isant un rasoir pour met­tre à nu le fruit inter­dit cueil­li par Eve dans la Bible ? Par ses por­traits et le reflet d’elle-même, madame Miyaza­ki établi avec brio un miroir dérangeant avec nous-même et notre société.

    Bar­bara Fer­reres

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  • Mary Oliver : une poésie de la simplicité

    Mary Oliver : une poésie de la simplicité

    Arti­cle en parte­nar­i­at avec mon nou­veau blog Une Cham­bre à soi !

    Poète les­bi­enne, Mary Oliv­er a fait ses débuts dans la pau­vreté, et par­le sou­vent de revenir aux choses sim­ples de la vie : bien les regarder, com­pren­dre ce qu’elles ont de mag­ique ou de mys­tique. C’est pourquoi con­traire­ment à d’autres poètes, elle écrivait très peu sur les gens, et beau­coup sur de petits détails que l’on ne s’ar­rête pas for­cé­ment regarder, comme un cail­lou ou un pois­son.

    (suite…)



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