Hilma af Klint, peintre suédoise, est peu connue du grand public. Pourtant, elle met en scène dans ses tableaux des séries de courbes allant jusqu’au mystique, ce pourquoi le magazine Les Beaux Arts l’appelle “la prophétesse de l’abstraction”. Jusqu’en octobre, cette artiste est en vedette sur Une Chambre à soi, pour une rétrospective de cette artiste méconnue malgré un univers très riche.
Hilma af Klint… Méconnue, mais percusseuse en son genre, puisqu’elle viendra peindre des formes géométriques et abstraites bien avant Kandinsky ou Piet Mondrian1. Née le 26 octobre en Suède, elle y suit une formation à l’académie royale des Beaux-Arts entre 1882 et 1889. La Suède, tout comme la Norvège ou l’Islande, est un des rares pays à ouvrir ses académies d’arts aux femmes, d’où la prévalence d’artistes féminines clés en provenance de ces pays, pourtant parfois méconnues du public français.
A ses vingt ans et pendant son séjour à l’académie d’art, elle réalise avec bio, mais sans se distinguer des traditions de son époque. C’est qu’elle est en train d’établir sa réputation d’artiste : elle ne s’autorisera que plus bien plus tard, à 40 ans sa recherche spirituelle, dans laquelle son art joue un rôle clé. Elle commence alors, à 44 ans, une série de paysages symboliques “en se laissant guider”, dans une rationalisation et matérialisation de sa recherche des clés de l’univers2.
Sa peinture se distingue par son aspect théosophique, c’est à dire qui tend à rechercher la vérité par la spiritualité et l’ésotérique pour une élévation de soi, par une attitude philosophique et religieuse, mais sans forcément se réclamer d’une des religions déjà établies3. Guidée par ses guides spirituels, elle réalise près de 173 toiles, documentées dans près de 125 cahiers. Si le résultat est monumental pour l’époque2, il n’en reste pas moins impressionnant aujourd’hui !
Bien que pionnière, elle ne sera malheureusement, contrairement à ses homologues masculins, reconnue que lors de l’exposition The Spiritual in Art: Abstract Painting 1890–1985, du Los Angeles County Museum of Art en 1986. Bien que cette exposition la fasse en partie “enfin” connaître du public et des critiques, notons que cette dernière s’est tenue outre-Atlantique. Bien que mise côte à côte avec Mondrian et Malevitch, aucune remarque sur la chronologie et la temporalité des œuvres de Af Klint ne sera faite4. Une exposition fera entre 2015 et 2016 le tour de l’Europe pour rétablir l’importance de l’artiste dans l’histoire de l’art et, selon Aware Women Artists, “réécrire un de ses chapitres“5.
Convaincue que le grand public ne peut le comprendre, elle incorpore dans ses œuvres mystiques la géométrie, les mathématiques ou des références botaniques, prévalentes dans sa famille56. C’est pourquoi elle cache sa peinture, de peur d’être jugée et mise de côté par ses pairs. Son testament indique d’ailleurs que tout aillant été laissé à son neveu, il doit s’engager à ne rien montrer avant 20 ans après sa mort, ce qui a été fait7.
C’est cet aspect qui a sans doute connu à la méconnaissance de l’artiste ainsi qu’à son éviction de l’histoire de l’art, qui se corrige peu à peu aujourd’hui. Nous allons essayer de remédier à cela dans notre rétrospective, en essayant de couvrir aussi bien l’aspect abstrait, mystique mais aussi les cahiers, source clé, afin de comprendre au mieux l’art mystérieux et impressionnant laissé par l’artiste suédoise.
14 Aude ADRIEN, Hilma af Klint, Prophétesse de l’abstraction, Beaux Arts, 21/01/2019, https://beauxarts.com/expos/hilma-af-klint-prophetesse-de-labstraction/
2 Collectif, Hilma af Klint, Aware Women Artists, https://awarewomenartists.com/artiste/hilma-af-klint/
3 Collectif, Théosophie, Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9osophie
6 Sue CRAMER,
3567 Nathalie ERNOULT, Hilma Af Klint : la mère de l’abstraction, Aware Women Artists, 30/11/2015, https://awarewomenartists.com/magazine/hilma-af-klint-mere-de-labstraction/
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