Maria Wiik.… Ça ne vous dit rien ?
C’est normal : pour trouver des résultats qui ne relèvent ni de Wikipedia, ni de plateformes de ventes aux enchères où d’images, il faut aller sur Google Scholar. N’aurais-je pas acheté Les Pionnières, Femmes et impressionnistes de Laurent Manoeuvre1, dont l’oeuvre Femme Ramant (~1892) prône fièrement en couverture, aurais-je découvert Maria Wiik ? J’en doute. Non seulement c’est une femme, mais en plus, elle vient d’un pays Nordique, dont la France et ses auteurs ont l’air d’ignorer l’existence. Heureusement, des traces de son passage sur la scène impressionniste demeurent.
La scène artistique finlandaise
Il faut savoir que la finlande des années 1800 est en pleine ferveur artistique, avec “une invasion de femmes” dans les milieux d’arts de l’époque2. Cette émancipation est partiellement expliquée par les idéaux d’égalité des romantiques allemands, mais aussi grâce aux changements sociaux en faveur de la libération des femmes. Cependant, aux environs des années 1870, les artistEs commencent à regarder du côté de la scène réaliste française, ce qui ne plait pas à l’institut finlandais des arts — parmi tous les artistes intéressés par la France, elles apparaissent comme les plus radicales3.
Leur approche de l’art introduit de nouveaux sujets : le portrait, les enfants, la vie de tous les jours4, ainsi que de nouvelles couleurs, qui sont aussi les caractéristiques de l’art impressionniste.
Maria Wiik : une courte biographie
Maria Wiik est née en 1853 en Finlande, à Helsinki. L’association des arts d’Helsinki propose des cours de dessins auxquels Maria Wiik, comme d’autres finlandaises de l’époque, s’inscrivent, de 1874 à 1875. Après des cours dans un institut privé, elle suit la “vague française” et s’en va à Paris où elle suit les cours de l’Académie Julian. Elle s’y rapproche de l’artiste ukrainienne Marie Bishkirtseff, qui la mentionne plusieurs fois dans son journal. Elle se rapprochera ensuite particulièrement d’une autre artiste finlandaise plus documentée, Helene Schjerfbeck, peintre réaliste et expressionniste (entre autres) — toutes les deux partageront le même atelier, aménageront avec une troisième artiste à Agen et iront en Russie ensemble.
De sa vie, elle ne gagnera qu’un seul prix : la mention de la chambre des nobles d’Helsinki, en Finlande, sa vie natale. Elle décèdera en 1928.
Faire éclater les couleurs, mais en douceur
Ce que j’aime particulièrement chez cette artiste, c’est la douceur de sa palette. Certes, c’est un trait courant chez les impressionnistes — même chez ceux étant allés cherchés la lumière caractéristique du sud de la France que l’on connaît si bien. Mais si la lumière du sud éclate dans toute sa vivacité, la lumière des pays du nord est tout aussi spéciale : plus douce, plus de couleurs froides, de violets.
Lorsque je voyage, c’est une lumière que j’aime beaucoup et qui me manque quand je suis loin. Et bien que la rameuse nous montre des scènes plus “sud de France”, je pense que l’on sent dans sa touche et sa manière de voir les couleurs ce petit je ne sais quoi qui vient d’un œil entrainé à cette lumière et ces teintes uniques au monde.
Bibliographie :
1 et biographie : Laurent Manoeuvre, Les Pionnières, Femmes et impressionnistes, édition des falaises, Paris, France, 2019 (fr)
Le reste : autrice non trouvé, thèse de doctorat, soutenue à Helsingin Yliopisto (Finlande), Otava Publishing Company Ltd, Helsinki, Finlande, 1991 (finlandais), accès ici (russe/anglais)
Barbara Ferreres
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