Une chambre à soi

Écrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe, et nul ne peut prévoir si cela importera pendant des siècles ou pendant des jours.

Virginia Woolf, Une Chambre à soi
maria wiik, femme ramant, peinture impressioninste, 1892

Maria Wiik, l’impressionniste oubliée venue d’Islande

Maria Wiik.… Ça ne vous dit rien ?

C’est nor­mal : pour trou­ver des résul­tats qui ne relèvent ni de Wikipedia, ni de plate­formes de ventes aux enchères où d’im­ages, il faut aller sur Google Schol­ar. N’au­rais-je pas acheté Les Pio­nnières, Femmes et impres­sion­nistes de Lau­rent Manoeu­vre1, dont l’oeu­vre Femme Ramant (~1892) prône fière­ment en cou­ver­ture, aurais-je décou­vert Maria Wiik ? J’en doute. Non seule­ment c’est une femme, mais en plus, elle vient d’un pays Nordique, dont la France et ses auteurs ont l’air d’ig­nor­er l’ex­is­tence. Heureuse­ment, des traces de son pas­sage sur la scène impres­sion­niste demeurent.

La scène artistique finlandaise

maria wiik femme sur un rocher
Mari­ai Wiik, Femme sur un rocher

Il faut savoir que la fin­lande des années 1800 est en pleine fer­veur artis­tique, avec “une inva­sion de femmes” dans les milieux d’arts de l’époque2. Cette éman­ci­pa­tion est par­tielle­ment expliquée par les idéaux d’é­gal­ité des roman­tiques alle­mands, mais aus­si grâce aux change­ments soci­aux en faveur de la libéra­tion des femmes. Cepen­dant, aux envi­rons des années 1870, les artistEs com­men­cent à regarder du côté de la scène réal­iste française, ce qui ne plait pas à l’in­sti­tut fin­landais des arts — par­mi tous les artistes intéressés par la France, elles appa­rais­sent comme les plus rad­i­cales3.

Leur approche de l’art intro­duit de nou­veaux sujets : le por­trait, les enfants, la vie de tous les jours4, ain­si que de nou­velles couleurs, qui sont aus­si les car­ac­téris­tiques de l’art impres­sion­niste.

Maria Wiik : une courte biographie

Maria Wiik est née en 1853 en Fin­lande, à Helsin­ki. L’as­so­ci­a­tion des arts d’Helsin­ki pro­pose des cours de dessins aux­quels Maria Wiik, comme d’autres fin­landais­es de l’époque, s’in­scrivent, de 1874 à 1875. Après des cours dans un insti­tut privé, elle suit la “vague française” et s’en va à Paris où elle suit les cours de l’A­cadémie Julian. Elle s’y rap­proche de l’artiste ukraini­enne Marie Bishkirt­seff, qui la men­tionne plusieurs fois dans son jour­nal. Elle se rap­prochera ensuite par­ti­c­ulière­ment d’une autre artiste fin­landaise plus doc­u­men­tée, Helene Schjerf­beck, pein­tre réal­iste et expres­sion­niste (entre autres) — toutes les deux partageront le même ate­lier, amé­nageront avec une troisième artiste à Agen et iront en Russie ensem­ble.

De sa vie, elle ne gag­n­era qu’un seul prix : la men­tion de la cham­bre des nobles d’Helsin­ki, en Fin­lande, sa vie natale. Elle décèdera en 1928.

Faire éclater les couleurs, mais en douceur

Ce que j’aime par­ti­c­ulière­ment chez cette artiste, c’est la douceur de sa palette. Certes, c’est un trait courant chez les impres­sion­nistes — même chez ceux étant allés cher­chés la lumière car­ac­téris­tique du sud de la France que l’on con­naît si bien. Mais si la lumière du sud éclate dans toute sa vivac­ité, la lumière des pays du nord est tout aus­si spé­ciale : plus douce, plus de couleurs froides, de vio­lets.

Lorsque je voy­age, c’est une lumière que j’aime beau­coup et qui me manque quand je suis loin. Et bien que la rameuse nous mon­tre des scènes plus “sud de France”, je pense que l’on sent dans sa touche et sa manière de voir les couleurs ce petit je ne sais quoi qui vient d’un œil entrainé à cette lumière et ces teintes uniques au monde.

Bibliographie :

1 et biogra­phie : Lau­rent Manoeu­vre, Les Pio­nnières, Femmes et impres­sion­nistes, édi­tion des falais­es, Paris, France, 2019 (fr)
Le reste : autrice non trou­vé, thèse de doc­tor­at, soutenue à Helsin­gin Yliopis­to (Fin­lande), Ota­va Pub­lish­ing Com­pa­ny Ltd, Helsin­ki, Fin­lande, 1991 (fin­landais), accès ici (russe/anglais)

Bar­bara Fer­reres

2 réponses à “Maria Wiik, l’impressionniste oubliée venue d’Islande”

  1. Avatar de Kairos Chimera

    C’est une artiste mécon­nue que je décou­vre ici. Mer­ci pour cette page de cul­ture et cette mise en lumière des femmes dans l’art trop sou­vent oubliées et invis­i­bil­isées.

    1. Avatar de La Dame au Thé

      Mer­ci beau­coup pour votre com­men­taire ! Il me touche énor­mé­ment, tout en me lais­sant un goût doux amer, en rai­son du peu de doc­u­men­ta­tion que j’ai pu accéder au sujet de cette artiste. Et au reste qui reste inac­ces­si­ble, comme cette thèse en finnois dont je n’ai pu récupér­er ne serait-ce que le titre et que je n’au­rais de toutes façon pas pu lire. Je vais ten­ter d’ap­pro­fondir car je n’aime pas être mise en échec, mais si j’ai pu ne serait-ce que faire décou­vrir cette artiste à une per­son­ne sup­plé­men­taire, alors je suis heureuse mal­gré tout !

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